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La communication

Temps de lecture : 7 minutes

Sommaire

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Mis à jour le 18/10/2023

Il existe bien des façons de communiquer, par les mots, mais aussi par les gestes, les expressions du visage ou les tonalités de la voix, des signes… Il est important d’encourager les personnes polyhandicapées dans leurs démarches de communication, car communiquer est un droit, un besoin vital, c’est ce qui permet d’exister et de se construire. La CAA, communication alternative et améliorée, propose pour cela méthodes et outils.

Qu’est-ce que la communication ?

Pourquoi communiquer ?

Communiquer est indispensable pour vivre. Cela nous permet de répondre à toutes les fonctions essentielles : comprendre et partager des informations, établir des relations avec les autres, exprimer nos besoins et nos émotions, transmettre des messages. C’est en communiquant avec les autres que nous comprenons progressivement le monde qui nous entoure, que nous grandissons et pouvons devenir autonomes.

Les différents types de communications

On peut communiquer de multiples façons, de façon verbale, c’est-à-dire en utilisant un langage qui passe par des symboles, des mots, des signes, des images qui désignent les choses de façon codées et organisées. On peut aussi communiquer de façon non verbale, faire passer des émotions, des intentions, de façon intentionnelle ou non, par l’intonation et le volume de notre voix, par notre posture, nos mimiques, nos gestes. Comme le montrent plusieurs études, c’est ce dernier mode de communication, non verbale, qu’en réalité nous utilisons le plus. Les cahiers pédagogiques de la CNSA proposent un tableau qui récapitule très bien toutes ces formes de langage, oral ou non.

L’acquisition de la communication et du langage oral

La capacité à communiquer et l’acquisition du langage sont des processus complexes qui se développent progressivement. La bienveillance de l’entourage, le fait de s’adresser à l’enfant de façon adaptée, d’encourager ses tentatives de communication et d’y répondre jouent un rôle primordial. Si un enfant pleure parce qu’il a faim, l’adulte comprend qu’il a faim et le satisfait, ce qui permet à l’enfant de comprendre qu’il existe un lien entre ce qu’il fait et la réaction de l’adulte. L’installation de la communication naît ainsi d’une ritualisation. L’enfant est immergé dans un bain de langage, de mots et de gestes signifiants. Il écoute, observe et apprend progressivement à les associer aux choses et aux situations.

La communication chez les personnes polyhandicapées

Les personnes polyhandicapées communiquent et cherchent à communiquer avec leur entourage. Si certaines parviennent à parler, beaucoup s’expriment de façon non verbale, par leur regard, leurs mimiques, leurs gestes, leur vocalisation, des modifications du rythme respiratoire, des réactions toniques… Ce langage corporel, parfois non intentionnel, est difficile à comprendre pour l’interlocuteur. Certaines manifestations corporelles sont dites « paradoxales », car elles ne correspondent pas à celles qui sont attendues. Il peut s’agir d’un évitement du regard, d’un rire explosif qui se déclenche à l’occasion de situations douloureuses ou angoissantes… Ces réactions déroutantes peuvent être mal interprétées et la réponse apportée alors inadaptée. Il est aussi parfois difficile de savoir ce que la personne a compris ; elle peut paraître écouter attentivement sans pour autant comprendre et avoir très bien compris, sans pour autant répondre ou réagir. C’est pourquoi communiquer avec une personne polyhandicapée demande du temps, de la disponibilité, de l’attention pour bien repérer et interpréter les signes qu’elle emploie, volontairement ou non, pour s’exprimer. Cela nécessite aussi un ajustement permanent et de croiser les regards ; si elle se sent incomprise, la personne risque de se replier sur elle-même.

La communication alternative et améliorée

Qu’est-ce que la communication alternative et améliorée ?

La communication alternative et améliorée (CAA) recouvre tous les moyens humains et matériels permettant de communiquer autrement que par la parole lorsque cela n’est pas possible. Elle propose des outils, des dispositifs, des stratégies pour aider la personne à s’exprimer, à se faire comprendre et aussi à mieux comprendre afin qu’elle puisse participer pleinement à tous les aspects de la vie.

Quels outils ?

On peut distinguer deux types d’outils de communication alternative et améliorée, sans aide technique et avec aide technique.

Les outils sans aide technique sont ceux qui ne nécessitent pas de matériel : le langage du corps, les gestes, les directions et les mouvements du corps, les expressions faciales, les vocalisations, la LSF (langue des signes française), les codes signés (Makaton, Coghamo), l’épellation de lettres par la personne ou par l’interlocuteur (méthode utilisée par Jean-Dominique Bauby pour écrire « Le Scaphandre et le papillon »).

Les outils de communication avec aide technique quant à eux impliquent du matériel, technologique ou non et/ou une aide spéciale de désignation (licorne ou pointeur laser). On compte de nombreux outils techniques non technologiques : stylo et support pour écrire des messages, papier, ardoise, tableaux de lettres, de syllabes ou de mots, tableaux ou cahiers d’images, de photos, de symboles, objets réels ou objets-références. Les outils de communication techniques impliquant la technologie peuvent être plus ou moins complexes. Il y a les boîtes à messages avec des pictogrammes ou images qui parlent, les jouets ou les livres simples qui délivrent des messages, les contacteurs parlants. Il est aussi possible d’utiliser des tablettes ou des ordinateurs avec des logiciels spécialisés.

Comment utiliser ces outils ?

Créer des situations propices

Pour favoriser la communication, il convient tout d’abord de créer des situations propices. Il faut s’assurer que la personne se sent à l’aise, que rien dans son installation ou son environnement ne vient la gêner, trop de bruit, trop de lumière… Sa posture et son positionnement sont également importants, elle doit pouvoir voir son interlocuteur, ses membres supérieurs doivent être relativement dégagés. Aborder avec elle des sujets qui lui plaisent compte aussi beaucoup pour éveiller son attention et son envie d’échanger : ses habitudes, ses goûts, ses intérêts… Son cahier de vie dans lequel figurent sous différentes formes ses activités, les événements qui l’ont marquée, ses émotions… offre pour cela un bon support.

Modéliser

Mais avant de proposer différents outils, il convient de s’appuyer sur les compétences de la personne, d’être attentif aux moyens d’expression qu’elle déploie elle-même, signes, regards, expression…, de les encourager, en les reconnaissant, en les reprenant et en les verbalisant, même si ces manifestations sont occasionnelles ou pas toujours reproduites dans la même intention ; si c’est le cas, en agissant ainsi, la personne pourra peut-être elle-même leur donner progressivement une signification plus précise et plus systématique pour qu’ils acquièrent valeur de langage.

Et c’est la même chose avec les différents outils de communication alternative que l’on peut proposer à la personne, de façon adaptée à ses compétences ; qu’il s’agisse de signes, de pictogrammes scratchables, de tableaux d’images à désigner, d’objets symboliques, il est important de les utiliser fréquemment et en contexte pour que la personne puisse comprendre ce qu’ils signifient et se les approprier pour les utiliser elle-même. Cette répétition, ritualisée, en situation, associant la parole et/ou le signe au support choisi, c’est ce qu’on appelle « modéliser », c’est-à-dire proposer un modèle, un exemple de langage. C’est permettre à la personne polyhandicapée de se retrouver immergée dans un bain de langage alternatif et adapté, similaire à ce bain de langage dans lequel nous sommes tous immergés bébé et grâce auquel nous apprenons à parler. Adopter une signalétique, afficher des pictogrammes sur les portes des différents lieux, afficher les emplois du temps sous forme imagée… renforce cette immersion. Pour aider la personne dans ses acquisitions, il est également important de s’assurer auprès d’elle qu’on a bien compris ce qu’elle exprime, en le reformulant.

Adapter et combiner les outils

Enfin, s’il est important de répéter avec un même outil pour que la personne puisse assimiler, il est également important de lui proposer plusieurs outils, pour qu’elle puisse élargir sa palette, son vocabulaire et ses compétences, opter pour un moyen ou un autre selon ses envies, le moment et le contexte (interlocuteur, temps de la journée…). Mei, une petite fille de 9 ans, utilise ainsi « un tableau de 150 pictogrammes pour le vocabulaire de base, un classeur de fiches pour le lexique complémentaire, placés verticalement devant elle, qu’elle désigne avec un pointeur optique électrique. Elle a en plus un boîtier de communication avec quelques messages pré-enregistrés et quelques commandes pour contrôler son environnement qu’elle arrive à actionner au poing. »1 La communication ne peut pas se restreindre à l’utilisation d’un seul moyen de communication ni s’en tenir à une seule méthode. Les outils sont à proposer, à reproposer, à faire évoluer si nécessaire.

Pour aller plus loin